François MITTERRAND (1916 - 1996),
Autograph letter signed to Marie-Louise Terrasse, known as Catherine Langeais. (Fort d'Ivry), December 27, 1938; 4 pages in-8°.
Superb letter from the young Mitterrand, overcome with love, who philosophizes with delight, on his passionate love: "My beloved little girl, All day long I thought about the letter I wanted to write to you. I put in the details of my days, a little of my state of mind at the time, my reactions to several facts, my plans and my dreams as far as I am concerned. And now I am arranging things in such a way that I have only a tiny amount of time left before the last letter. I have just come from my older sister's; there I lingered; I had to prolong the farewells in front of a table laden with liqueurs. On the way back, a pile of shopping to do, and here I am before you, still moved by the falls barely avoided that a mocking ice storm was pleased to offer me. For the landscape here has not changed: whiteness, unreal colors stolen from the northern or mountainous countries. And since this morning, a light rain: that's enough to create a rough ice rink, the enemy of the laws of balance.
My dearest, how I thought of you throughout these days spent without you. How I measured, without arriving at a precise result, the greatness of my love! I see more and more that you are indispensable to me: yesterday, for example, I only received your letter in the evening mail (around 6:30 p.m.). I was going to take you a letter to the post office, which I did not send: it was gloomy, sad in each sentence, dismantled. Not that I blamed you for having forgotten me: I believe in your love and will never doubt it again. But unconsciously the absence of your missives so full of love, so sweet, so like you, had woven a bad day for me. I would have been incapable of writing, of creating, of applying myself. I lacked the foundation. I only realize this now, noting the kind of liberation I felt upon receiving your letter: everything became clear, simple, explicable, and attractive. I give you this example of your power over me to show you that even when you can do nothing about it (a delay in our correspondence, an appointment I missed unintentionally), I react only in response to you. What an admission of weakness. But also what a source of strength! Because, my beloved, my zou whom I adore, you will never fail me, you will be my wife, always by my side. And if you have the strength to love me always, then I feel that [I] will be stronger than any obstacle.
And that is your responsibility. My darling, it is by thinking of my fragility outside of you that I sometimes fear life, and show it to you as difficult. But if you knew (and this, I tell you rarely) how I envisage the sweetness of our life, the sweetness of our days and our nights, when we will be together. Then, because I love you more than anything, as it is impossible to love more, I will make your life the most beautiful, the most desirable, not that suffering will be spared you, but suffering is necessary for beauty. When one loves = everything comes together.
My Marie-Louise, I prefer to end this monologue here. I have so much to tell you on this subject, but this letter must arrive tomorrow, otherwise you would worry. But we will talk about all this again tomorrow. I will tell you about my vacation and especially my vacation impressions. I will tell you how much I dreamed of the moment when these places that I have known since my childhood will become familiar to you. How sweet it will be, my darling fiancée, to introduce you to the smallest things about my home.
My little girl, see you tomorrow. I'll be on rue Vaneau from 4:15 p.m. If you want to call me, do it between 4:15 p.m. and 4:45 p.m. in Littré 2509 (in case of busy appointment times). I'll be on rue Vavin at 5:30 p.m. or 5:35 p.m. Then I'll wait as usual until 6:00 p.m. or 6:15 p.m. Your letter tomorrow may give me some details.
Thank you for your letters. My darling, I adore you. I adore you. But that's for tomorrow. The train wouldn't wait for my letter. I kiss you anyway as I love you: with infinite tenderness. François.
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François MITTERRAND (1916 - 1996),
Lettre autographe signée à Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais. (Fort d'Ivry), 27 décembre 1938 ; 4 pages in-8°.
Superbe lettre du jeune Mitterrand, transi d'amour, qui philosophe avec délectation, sur sa passion amoureuse : « Ma petite fille bien aimée, Pendant toute la journée j'ai pensé à la lettre que je
voulais vous écrire. J'y mettais les détails de mes jours, un peu de mon état d'esprit du moment, mes réactions devant plusieurs faits, mes projets et mes rêves en ce qui me concerne. Et voilà que je
m'arrange de telle façon qu'il ne me reste qu'un temps infime avant le dernier courrier. J'arrive de chez ma sœur ainée ; là je me suis attardé ; il m'a fallu prolonger les adieux devant une table
chargée de liqueurs. Au retour, un tas d'emplettes à faire, et me voici devant vous, encore ému des chutes à peine évitées qu'un verglas narquois s'est plu à m'offrir. Car le paysage ici n'a pas
changé : blancheur, couleurs irréelles volées au pays du nord ou de montagne. Et depuis ce matin une pluie fine : cela suffit à composer une patinoire raboteuse, ennemie des lois de l'équilibre.
Ma très chérie, comme j'ai pensé à vous le long de ces jours vécus sans vous. Comme j'ai mesuré, sans arriver à un résultat précis, la grandeur de mon amour ! Je vois de plus en plus que vous
m'êtes indispensable : hier, par exemple, je n'ai reçu votre lettre qu'au courrier du soir (vers 18h30). J'allais vous porter une lettre à la poste, que je n'ai pas envoyée : elle était cafardeuse,
triste à chaque phrase, démontée. Non pas que je vous reprochais de m'avoir oublié : je crois en votre amour et ne le mettrai jamais plus en doute. Mais inconsciemment l'absence de vos missives si
pleines d'amour, si douces, si pareilles à vous, m'avait tissé une mauvaise journée. J'aurais été incapable d'écrire, de créer, de m'appliquer. Il me manquait le fondement. De cela, je ne
m'aperçois que maintenant en constatant l'espèce de libération que j'ai ressentie à la réception de votre lettre : tout devenait clair, simple, explicable et attirant. Je vous donne cet exemple de
votre pouvoir sur moi pour vous montrer que même lorsque vous n'y pouvez rien (un retard dans notre correspondance, un rendez-vous manqué involontairement) je réagis seulement en fonction de vous.
Quel aveu de faiblesse. Mais aussi quelle source de force ! Car, ma bien-aimée, ma zou que j'adore, jamais vous ne me manquerez, vous serez ma femme, toujours à mes côtés. Et si vous avez la force
de m'aimer toujours, alors je sens que [je] serai plus fort que tout obstacle.
Et c'est la votre responsabilité. Ma chérie, c'est en songeant à ma fragilité hors de vous qu'il m'arrive de craindre la vie, de vous la montrer difficile. Mais si vous saviez (et cela, je vous le
dis peu souvent) comme j'envisage la douceur de notre vie, la douceur de nos jours et de nos nuits, où nous serons ensemble. Alors, parce que je vous aime plus que tout, comme il est impossible
d'aimer d'avantage, je ferai de votre vie la plus belle, la plus désirable, non pas que la souffrance vous sera épargnée, mais la souffrance est nécessaire à la beauté. Quand on aime = tout se
joint.
Ma Marie-Louise, je préfère arrêter là ce monologue. J'ai pourtant tant de chose à vous dire à ce sujet, mais il faut que cette lettre vous arrive demain, autrement vous vous inquiéteriez. Mais
nous reparlerons de tout cela demain. Je vous raconterai mes vacances et surtout mes impressions de vacances. Je vous dirai combien j'ai rêvé au moment où ces lieux que je connais depuis mon
enfance, vous deviendront familiers. Comme il sera doux ma fiancée chérie de vous présenter aux moindres choses de chez moi.
Ma toute petite fille à demain. Je serai rue Vaneau à partir de 16h15. Si vous voulez me téléphoner faite-le entre 16h15 et 16h45 à Littré 2509 (en cas d'heure de rendez vous chargée). Je passerai
rue Vavin à 17h30-17h35. Puis j'attendrai comme d'habitude 18h-18 ¼. Votre lettre de demain m'apportera peut-être des précisions.
Merci pour vos lettres. Ma chérie, je vous adore. Je t'adore. Mais ça c'est pour demain. Le train n'attendrait pas ma lettre. Je t'embrasse quand même comme je t'aime : avec une infinie tendresse.
François »
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