André BRETON (1896 - 1966)
Autographer, signierter Brief an Francis Dumont. Antibes 13. März 1948; 1 Seite ¼ in-4°.
André Breton ist nicht sehr erfreut über das ihm vorgelegte Projekt eines Zeugnisses über den Surrealismus : "Verwirrt, mich per Telegramm zur Ordnung rufen zu lassen. Ich hätte Ihnen früher
geantwortet, wenn es mich nicht so viel gekostet hätte, Sie zu enttäuschen. Die wenigen biografischen Angaben, die Sie über mich vermissen, können Sie in der Einleitung des Herausgebers zu
"Surrealismus und Malerei" (New York, Brentano's) nachlesen. Es wird Ihnen leicht fallen, ein Exemplar in einigen Buchhandlungen im 6. Dort wurde alles unter meiner Kontrolle gesagt. Natürlich
freue
ich mich, dass Ihnen die Erstellung dieser Seite von Gavroche anvertraut wurde. Was das Projekt La Gazette des Lettres betrifft, so sehe ich mich sehr schlecht in der Lage, die Rolle zu
übernehmen,
die Sie mir zuweisen. "Ein Vierteljahrhundert...", zweifellos, aber das ist die letzte Gedenkfeier, an der ich teilnehmen kann. Ich habe nicht den Wunsch, mich bei dieser Gelegenheit mit den
"Ex-Surrealisten des C.N.E." zu messen, die Sie glauben, konsultieren zu müssen, und deren Aussage ich im Voraus ablehne. Bieten mir diese Herren jemals eine Diskussion an? Ist es nicht klar,
dass
die Waffen, die sie sowohl gegen andere als auch gegen mich einsetzen, jede öffentliche Debatte lächerlich machen, da jede Loyalität ihrerseits per definitionem ausgeschlossen ist? Außerdem bin
ich
es, wie ich Ihnen gestehen muss, leid, immer wieder die Perspektiven der surrealistischen Aktivität in der näheren oder ferneren Zukunft festzulegen. Ich habe mich in den Interviews mit Le
Littéraire, Combat und Paru ausreichend darüber geäußert. Ich hasse es, mich noch einmal zu wiederholen und noch mehr, so zu klingen, als würde ich für die Lebensfähigkeit einer Sache plädieren,
die
sich aus diesem Blickwinkel bereits bewährt hat. Es scheint mir, dass Sie mit viel mehr Gewinn junge Anarchisten wie Sarane Alexandrian (G R. Borinod, XVIII), Claude Tarnaud (9 impasse de
l'enfant
Jésus XV), Alain Jouffroy (10 av Ducis (Malmaison)), Jean-Louis Bédouin (24 qui du Louvre 1er), Gaston Puel (17 r. de la Berchère, Albi) befragen könnten. Das wäre eine Chance, etwas Neues zu
bringen. Und natürlich auch Henri Pastoureau (26, r. des Plantes, XIV), Pierre Mabille (34 r. Raynouard XVI) und Victor Brauner (2bis, Perrel, XIV). Es ist die Gegenüberstellung ihrer
Standpunkte,
die es ermöglichen kann, das Ergebnis des Surrealismus nach vorne herauszuarbeiten. Ich versichere Ihnen, dass dies weit weniger aussichtslos wäre, als beispielsweise auf eine Stellungnahme von
Picasso zu hoffen, der sich sein ganzes Leben lang solchen Erklärungen verweigert hat und den ich gewiss nicht um eine solche bitten würde. Sie wissen, mein lieber Freund, dass ich die größte
Hochachtung und persönliche Sympathie für Sie empfinde. Ich wünsche mir sehr, Ihnen angenehm zu sein, aber die Schritte, zu denen Sie mich auffordern, müssen auch mir angenehm sein. So sehr ich
auch
an der Zusammenstellung von glaubwürdigen und aussagekräftigen Zeugnissen des Surrealismus interessiert bin, so sehr neige ich dazu, mich von allem abzuwenden, was in Eile und ohne ernsthafte
Bemühungen um Information, Dokumentation und Synthese der bereits so abgestumpften Neugier der Öffentlichkeit vorgeworfen werden kann...".
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André BRETON (1896 - 1966)
Lettre autographe signée à Francis Dumont. Antibes 13 mars 1948 ; 1 page ¼ in-4°
André Breton ne voit pas d'un très bon œil le projet de témoignage sur le Surréalisme qu'on lui soumet :
« Confus de me laisser rappeler à l'ordre par télégramme. Je vous aurais répondu plus tôt s'il ne m'en avait pas tant coûté de vous décevoir. Vous pouvez préciser les quelques éléments
biographiques qui vous manquent à mon sujet dans l'introduction de l'éditeur au « Surréalisme et la Peinture» (New York, Brentano's).
Il vous sera aisé d'en feuilleter un exemplaire dans quelques librairies du VIe. Tout a été dit là, sous mon contrôle. Naturellement, je suis ravi que l'établissement de cette page de Gavroche vous
soit confié. En ce qui concerne le projet de La Gazette des Lettres, je m'y vois très mal tenir le rôle que vous m'assignez.
« Un quart de siècle… », sans doute, mais c'est bien là la dernière commémoration à laquelle je puisse prendre part. Je n'éprouve aucun désir de me mesurer à cette occasion avec les «
ex-surréalistes du C.N.E. » que vous croyez devoir consulter et dont je récuse par avance le témoignage. Ces messieurs m'offrent-ils jamais la discussion ? N'est-il pas parfaitement entendu que les
armes mêmes dont ils font usage aussi bien contre d'autres que contre moi rendent dérisoire tout débat public duquel toute loyauté de leur part est écartée par définition
Par ailleurs, je suis las, je vous l'avoue, d'avoir à fixer à tout propos les perspectives de l'activité surréaliste dans un avenir plus ou moins proche. Je me suis suffisamment expliqué là-dessus
dans les interviews du Littéraire, de Combat et de Paru. J'ai horreur de meredire et, plus encore, de paraitre plaider pour la viabilité d'une cause qui, sous cet angle, a déjà fait ses preuves. Il
me semble que vous pourriez, avec beaucoup plus de profit, interroger les jeunes anarchistes, tels Sarane Alexandrian (G R. Borinod, XVIII), Claude Tarnaud (9 impasse de l'enfant Jésus XV), Alain
Jouffroy (10 av Ducis (Malmaison), Jean-Louis Bédouin (24 qui du Louvre 1er),Gaston Puel (17 r. de la Berchère, Albi). Voilà qui aurait chance d'apporter du nouveau. Et aussi, naturellement, Henri
Pastoureau (26, r. des Plantes, XIV), Pierre Mabille (34 r. Raynouard XVI),Victor Brauner (2bis, Perrel, XIV). C'est la confrontation de leurs points de vue qui peut permettre de dégager la
résultante du surréalisme en avant. Je vous assure que cela serait beaucoup moins vain que d'espérer obtenir une déclaration de Picasso, par exemple, qui s'est refusé toute sa vie à des
déclarations de ce genre et de qui je n'aurais certes pas envie de solliciter. Vous savez mon cher Ami, que j'ai la plus vive estime et une grande sympathie personnelle pour vous. Je désire
vivement vous être agréable mais il faut tout de même que les démarches aux quelles vous me conviez m'agréent aussi. Autant je verrais d'intérêt à la réunion de témoignages probes et significatifs
touchant le surréalisme, autant j'ai tendance à me détourner de tout ce qui peut être jeté en hâte et sans sérieux efforts d'information, de documentation et de synthèse à la curiosité déjà si
blasée du public… »
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